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Le Gloria Scott

Arthur Conan Doyle

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LE «GLORIA SCOTT»Traduction parJeanne de PolignacUn soir d’hiver, au coin du feu, Sherlock Holmes feuilletait des papiers.— J’ai là, Watson, me dit-il tout à coup, quelques notes qui vous intéresseront. Ce sont les documents de cette singulière affaire duGloria Scottet voici la missive qui a occasionné la congestion mortelle du juge de paix Trevor. Et ce disant, il avait tiré d’un étui rouillé une demi-feuille de papier gris sur laquelle étaient tracées au crayon les lignes suivantes: «Fini notre stock de gibier pour rire. Garde-chasse Hudson sans doute a tout reçu dès maintenant et dit par dépêche: «Sauvez poule faisane votre préférée à tête huppée.»Je regardai Holmes: il souriait ironiquement.— Vous avez l’air plutôt étonné, me dit-il. Je ne comprends pas que ces lignes aient pu terroriser qui que ce soit. Elles sont grotesques, décousues, voilà tout.— J’admets. mais il est toutefois incontestable qu’un vieillard robuste, en les lisant, esttombé raide, comme frappé d’un coup de crosse.— Vous m’intriguez. Avez-vous des raisons spéciales pour me faire étudier cette affaire?— Oui, c’est la première dont je me sois occupé.Souvent j’avais cherché à me faire raconter par mon compagnon l’origine de sa vocation de détective. jamais encore, je ne l’avais trouvé en veine de confidences. Cette fois, il se redressa dans son fauteuil, étala les documents sur ses genoux, alluma sa pipe et, tout en fumant, se mit à parcourir ses papiers.— Vous ne m’avez jamais entendu parler de Victor Trevor, n’est-ce pas? Ce fut mon seul ami pendant mes deux années de collège. Je n’ai jamais été très sociable, vous le savez, Watson. je préférais rêver dans ma chambre et expérimenter mes méthodes particulières plutôt que de me mêler aux camarades de mon âge. En dehors de l’escrime et de la boxe, j’avais peu de goût pour les jeux athlétiques, et mes études étaient tout à fait distinctes de celles des autres. nous n’avions donc aucun point de contact.«Un matin, comme j’allais à la chapelle, son bull-terrier s’accrocha à un de mes mollets. c’était un moyen prosaïque de faire connaissance, mais ce procédé réussit. Je tombai malade, et fus alité pendant dix jours au cours desquels Trevor vint sans cesse prendre de mes nouvelles. Sesvisites se bornèrent d’abord à quelques phrases banales. Mais bientôt elles se prolongèrent et, avant la fin de l’année scolaire, nous étions les meilleurs amis du monde. Trevor était un garçon plein de cœur, d’entrain et d’énergie, au tempérament sanguin, l’antithèse absolue de mon caractère. Lorsque j’eus découvert qu’il était aussi isolé que moi dans le monde, je m’attachai sincèrement à lui. Il m’invita chez son père à Donnithorpe, dans le Norfolk, et j’acceptai son invitation pour les vacances,«M. Trevor père, juge de paix et propriétaire foncier, était un homme riche et considéré.

Nombre de pages : 24

Date de publication :

Éditeur : Audiocité

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