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Les chasses du Comte de Foix

Alexandre Dumas

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Les chasses du comte de FoixLe comte Gaston Phœbus avait tué son fils bien-aimé, le seul héritier de son nom et de sa fortune.Voilà pourquoi, à l’époque où commence cette histoire, il avait tant de cheveux blancs sur la tête et tant de rides au front. voilà pourquoi il avait un retrait tout rempli d’oraisons, où il se renfermait une heure par jour pour y dire les heures de Notre-Dame, les litanies des saints et les vigiles des morts. voilà pourquoi enfin il tressaillit si fortement lorsqu’on frappa à la porte du château d’Orthez, car tout en écrivant le soixante-troisième chapitre de son ouvrage sur la chasse des bêtes sauvages et des oiseaux de proie, il pensait à son pauvre petit garçon, qui reposait à cette heure dans la chapelle des frères mineurs à Orthez, tandis que son frère bâtard, Yvain, guerroyait avec les Castillans contre le roi JeanIer de Portugal.Or, six ans s’étaient écoulés depuis les événements que nous venons de raconter. Le comte de Foix, après avoir fait comme d’habitude sa prière en son retrait, venait de descendre en sa salle à manger, où l’attendait messire Yvain, qui était devenu un grand et beau chevalier. messire Ernanton d’Espagne et messire Jehan Froissard1 le chroniqueur, que le chevalier Espaires de Lyon avait rencontré à Carcassonne et avait amené en sa compagnie jusqu’au château d’Orthez, où il avait été merveilleusement reçu du comte de Foix.On venait de se mettre à table, lorsqu’un valet entra dans la salle, et, se tenant près de la porte, attendit que son maître lui adressât la parole, quoiqu’on vît que bien évidemment il avait une nouvelle à annoncer. au bout de quelques instants qu’il fut là le comte l’aperçut.–Ah! ah! fit-il, c’est toi, Ramonet. et bien, quelle nouvelle? tu viens de loin, ce me semble.–Du bois de Sauve-Terre, sur le chemin de Pampelune, en Navarre, monseigneur.–Quelle nouvelle en apportes-tu?–On y a vu la laie, monseigneur.–Ah! dit le comte en se retournant vivement, et crois-tu qu’elle y soit restée?–Oui, je le crois, monseigneur, car elle y était depuis cinq jours, et si elle y reste cinq jours encore, vous aurez le temps d’y aller, de la joindre et de la pourchasser à loisir.–Oui, certes, j’irai, dit le comte, et nous verrons cette fois si elle m’échappera encore.–Qu’est-ce que cette laie? dit Froissard.–Messire clerc, lui répondit le comte de Foix, vous qui prenez grand plaisir aux aventures de guerre, d’amour et de chasse, peut-être trouverez-vous en celle-ci quelque chapitre merveilleux à ajouter à votre chronique. pour le présent, tout ce que je puis vous dire, c’est que je commence à croire que cette laie est enchantée. on la voit du jour au lendemain sur les points les plus opposés de mes comtés de Foix et de Béarn, et on a beau la pourchasser à outrance, jamais nul n’a pu la joindre. au moment où l’on croit l

Nombre de pages : 19

Date de publication :

Éditeur : Audiocité

Le studio Littérature

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